top of page

Chair d'étoiles

image wix : quais de gare

Titre : Chair d'étoiles

Auteur : © Hervé Hesté 2018

Genre : Introspection

----------------------------------

​

Préambule :

« La nature est comme un secret qui s'ignore, mais qui par soupçon cherche à se découvrir sans se divulguer. »

 

-------------------------//------------------------------

 

« Avant d’être petit, j’étais grand, » se répétait-on entre frères et sœur lorsque nous voulions jouer le rôle des adultes dans nos jeux d’enfants. Ai-je eu d’autres vies avant cette vie? Aurai-je d’autres morts après ma mort? Quoi qu’on en cherche ou, quoi qu’on en croie, seules d’inaccessibles réponses ou d’élusives promesses nous parviendront des fumistes et des ministres des diverses fois. 

 

Et de gamète en gamète qui s’unissent, se divisent et se multiplient pour donner la vie, naissent les enfants qui grandissent, s’usent, subissent, s’accomplissent, se reproduisent, vieillissent et meurent à cause de la vie qu’il faut prendre sans redevances au néant de sa préenfance d’une autre vie qui ne signifie rien et de celle-ci qui ne dit pas tout. Mais quand saurons-nous pourquoi la vie est venue, dans un bruit infernal et d’un éclair de pure énergie, nous dérober notre inconscience du bonheur, notre insouciance du mal, l’oubli de nos sens et notre ignorance de la mort?

 

Si au début était le chaos alors avant moi était le néant. Dès l’instant où l’i envahit l’o de moi, les forces occultes des étoiles de l’univers me rendirent l’esprit de mon âme. Ce fut le commencement matricé de ma chair et du souffle des créateurs unifiés. La gestation terminée, les forces de l’accouchement m’expulsèrent de la matrice maternelle. Ainsi, je naquis dans ce monde. Depuis et jusqu'à ce jour, je suis parmi les autres qui me précèdent et qui me suivent, car j’occupe un espace-temps-mouvement unique en mon genre comme tous les autres et qu’ainsi je suis presque leur semblable. 

 

Au fait, qui sont-ils au juste ces autres? Que me veulent-ils? Que puis-je pour eux? Pourquoi sommes-nous? Pourquoi l’univers m’a-t-il éjecté parmi eux? Naître ou ne pas naître, ai-je eu vraiment le choix? Vivre, comment l’éterniser? Mourir, comment m’en libérer? Pourquoi quitter le néant éternel pour si peu de temps charnel et y retourner inévitablement dans la peur et la douleur? Pourquoi faut-il que la vie ne soit qu’un compromis entre la jouissance et la souffrance? 

 

Puis, au cours des ans, dans ma quête de la vérité, je demeurais très logique et très réaliste. Je dirais même trop. Pour moi, il fallait que tout soit blanc ou noir. Il n’y avait pas de place pour le gris ni pour l’incertitude encore moins pour la fantaisie. J’étais un être sérieux qui prenait la vie au sérieux n’en déplaise à mon entourage. Je portais le monde sur mes frêles épaules et c’est moi qui allais le sauver de tous ses malheurs. Il suffisait de m’écouter et tout allait s’arranger. Mais comment faire pour réparer tous les maux qui affligent la Terre, si je n’arrive même pas à réparer le mal d’un mot que j’aurais voulu taire? C’est à la rencontre d’une personne que je qualifierais de très originale que me viendra l’apparence d’une réponse. Si je n’utilise pas mon imaginaire, alors peine perdue d’essayer de sauver les êtres. Il fallait que j’ouvre mon esprit à la source infinie de l’Univers. Il fallait que je divague et que je surfe sur la grande vague de l’énergie dimorphe.

 

Ainsi, toute ma vie, j’ai fouillé le fond de mon être et celui de l’univers à la recherche des raisons de mon existence, du pourquoi de mes plaisirs et de mes souffrances et de la nécessité ou de la futilité de la vie. Encore aujourd’hui, cette quête de la vérité d’une réalité insondable me procure beaucoup de satisfaction et de fierté personnelles. Mais elle me coûte aussi beaucoup en déceptions et en isolement quant à l’appréciation de mon entourage immédiat. Je suis celui qui ne pense qu’à ça, celui que l’on fuit de peur de trop comprendre ou pas assez. Je suis celui qui cherche naïvement à propos de tout et de rien. Je passe pour celui qui n’a pas de sentiment, qui n’a pas d’émotions, le froid, le tiède incapable d’aimer, le scientifique prétentieux qui prétend tout connaître des cieux. Mais, comment expliquer à ceux qui ne veulent pas entendre et à ceux qui ne peuvent pas comprendre que ce n’est pas moi? Au contraire, mon esprit scientifique et mon âme d’artiste sont épris de l’humanité et désirent simplement et humblement l’aider à découvrir son appartenance à la grande oeuvre de la Nature universelle.

 

Et maintenant, même si je suis grand et vieilli, je rêve encore qu’après je serai de nouveau petit. Pour l’instant, je continue simplement qui je suis parce qu’il faut qu’il en soit ainsi pour le reste qu’il me reste, jusqu’à la fin de mon espace-temps-mouvement, de mon énergie et jusqu’à la renaissance d’où, tous ensemble, peut-être, on recommencera, attendant dans le néant de notre préenfance que d’autres étoiles de l’univers nous rendent encore notre âme d’être de chair consciente sans qu’on se souvienne s’il y eut un avant ou s’il y aura peut-être un après ici ou ailleurs!

​

--∰--

bottom of page